Dans un contexte où la performance attendue des achats publics dépasse désormais la seule conformité contractuelle, le suivi de l’exécution devient un enjeu stratégique. Le pilotage efficace des fournisseurs, fondé sur des indicateurs de performance (KPI), permet aux pouvoirs adjudicateurs de transformer leurs marchés en véritables leviers de création de valeur.

La performance contractuelle : un enjeu croissant pour les acheteurs publics

L’exécution d’un marché public peut subir des aléas : retards, non-conformités, sous-performance, litiges, insatisfaction des utilisateurs… Le suivi structuré de la performance vise à limiter ces dérives tout en instaurant un dialogue constructif avec les fournisseurs. Il permet aussi d’objectiver les évaluations, de sécuriser les reconductions contractuelles, de nourrir les stratégies d’achats et d’alimenter les retours d’expérience pour les futurs marchés.

Au-delà du contrôle, le pilotage de la performance contribue ainsi à renforcer la redevabilité, l’efficience, et la professionnalisation de la commande publique.

Mettre en place des KPI efficaces : une démarche à initier dès la rédaction du marché

L’efficacité d’un suivi repose sur des indicateurs conçus en amont, intégrés dès la définition du besoin et traduits clairement dans le cahier spécial des charges. Ces KPI peuvent porter sur les délais de livraison, la qualité des prestations, le taux de satisfaction des bénéficiaires, le respect du budget, ou encore la stabilité des équipes mobilisées.

Ces indicateurs doivent être objectivables, mesurables et adaptés au contexte du marché. Ils gagnent à être suivis à travers un tableau de bord dynamique, partagé avec le fournisseur, et mis à jour à intervalles réguliers. Ce suivi peut être formalisé lors de revues contractuelles ou de comités de pilotage, et conduire, selon les cas, à l’application de mesures correctives, de pénalités ou d’incitants.

Une dynamique collective au service de l’exécution

Un pilotage efficace implique une mobilisation transversale : les services utilisateurs doivent être associés à l’évaluation des prestations, les acheteurs assurent le cadre contractuel, et les responsables opérationnels garantissent la remontée d’information et la mise en œuvre des ajustements nécessaires. Ce travail collaboratif contribue à instaurer une culture de la performance dans la gestion des marchés publics.

Capitaliser sur les données pour améliorer la commande publique

Lorsque les indicateurs sont bien construits et systématiquement exploités, ils offrent une vision consolidée de la performance des fournisseurs sur l’ensemble des marchés d’une organisation. Cette analyse permet d’identifier les partenaires les plus fiables, de mieux cibler les risques par segment d’achat, et d’adapter les pratiques de rédaction ou d’attribution pour les procédures à venir.

Des organismes comme le Government Accountability Office (GAO) aux États-Unis ou la UK Government Commercial Function au Royaume-Uni ont intégré depuis plusieurs années des approches structurées de "supplier performance management", combinant outils contractuels, indicateurs, et analyse des risques.

Conclusion

La mise en place d’indicateurs de performance ne constitue pas un simple exercice formel : c’est un outil de pilotage concret qui permet aux acheteurs publics de suivre, ajuster et sécuriser l’exécution de leurs marchés. En adoptant une démarche structurée et partagée avec les parties prenantes internes et les fournisseurs, les organisations publiques se dotent d’un véritable levier de maîtrise, de dialogue et de progrès continu. Le pilotage par les KPI n’est pas une contrainte supplémentaire, mais un gage de rigueur, d’anticipation et d’impact.​

Sources

• U.S. Government Accountability Office (GAO) - Best Practices for Supplier Performance Management
• UK Government Commercial Function - Contract Management Professional Standards
• OECD - Contract Management and Performance in Public Procurement
• World Bank - Strategic Contract Management Toolkit